Les utilitaires électriques ne se vendent pas : l'alerte du patron de Stellantis Europe face aux objectifs fixés par Bruxelles
information fournie par Boursorama avec Media Services 02/07/2025 à 16:15

Jean-Philippe Imparato, en charge du marché européen du constructeur, a mis en garde face aux décalages entre les objectifs d'électrification du parc automobile européen, et la réalité d'un marché des utilitaires professionnels pas encore à maturité.

Jean-Philippe Imparato, à Genève, en 2017 ( AFP / ALAIN GROSCLAUDE )

"Si je paie ce malus, je crashe des usines, c’est écrit". Le directeur Europe de Stellantis a tiré le signal d'alarme face à des objectifs européens jugés inatteignables, qui risquent de provoquer des fermetures d'usines. "Nous sommes à quelques mois d'un drame", a prévenu Jean-Philippe Imparato, mercredi 2 juillet, lors d'une visite de l'usine de son groupe à Hordain (Nord), où 2.600 salariés fabriquent des petits utilitaires pour les marques Citroën, Peugeot, Fiat ou Opel.

Segment de marché crucial pour Stellantis

Stellantis dit risquer 2,6 milliards d'euros d'amende sur trois ans, d'ici fin 2027, si le marché reste à son niveau actuel de 9% d'utilitaires électriques. L'objectif fixé par l'Europe est d'environ 13% en 2025 et 24% en 2027, selon Stellantis.

"Tout le monde me dit 't'inquiète, tu ne les paieras pas'. Mais jusqu’ici j'ai juste des déclarations. Le sentiment d'urgence n’est pas là", a poursuivi Jean-Philippe Imparato. "Si je paie ce malus, je crashe des usines, c’est écrit", car il faudra in fine limiter la production de véhicules diesel, a-t-il expliqué.

Le dirigeant a évoqué les usines d'utilitaires de Hordain, Atessa (Italie), Vigo (Espagne), Ellesmere Port (Royaume-Uni, concerné par ses propres objectifs CO2), Rüsselsheim (Allemagne) et Gliwice (Pologne). Le marché des utilitaires est essentiel pour Stellantis, leader européen sur ces véhicules basiques et rentables.

Amortir le choc

Jean-Philippe Imparato demande des mesures dès le mois de juillet au niveau européen. Il souhaite notamment le regroupement de la comptabilité CO2 des voitures et des utilitaires pour qu'ils se compensent. Il réclame aussi une prime à la casse de nouvelle génération, qui permettrait de récompenser les constructeurs qui remplacent des véhicules de plus de 10 ans par un véhicule neuf et moins polluant, même s'il n'est pas électrique.

Stellantis effectue une volte-face par rapport aux positions de son ancien directeur général Carlos Tavares. Son remplaçant Antonio Filosa "soutient l'initiative", a souligné Jean-Philippe Imparato. Et Stellantis tire le premier. Ni les constructeurs allemands ni l'Association des constructeurs européens (ACEA) n'ont encore pris position.

La Commission européenne a fixé un ambitieux objectif de ventes d'automobiles neuves 100% électriques en 2035 pour les voitures mais aussi pour les camionnettes des professionnels, petites et grandes, gourmandes en diesel. Mais tandis que le marché européen des voitures commence à s'électrifier, avec des hauts et des bas, le marché des utilitaires prend du retard. Les Etats membres de l'UE ont déjà accordé fin mai un délai aux constructeurs pour atteindre plus progressivement leurs objectifs d'électrification, afin de leur éviter des amendes en 2025.