
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux médias lors du sommet de l'Otan à La Haye, le 25 juin 2025 aux Pays-Bas ( AFP / Ludovic MARIN )
"Se faire la guerre commerciale" entre alliés de l'Otan est une "aberration": Emmanuel Macron a assumé mercredi une forme de bras de fer avec Donald Trump, rappelant que les relations transatlantiques restent tendues malgré un sommet où tout a été fait pour privilégier l'apaisement.
Avant et pendant la réunion de l'Alliance qui s'est tenue à La Haye, les dirigeants européens se sont efforcés de ménager le président américain, quitte à le flatter ouvertement comme l'a fait secrétaire général de l'Otan Mark Rutte.
La crainte était forte de le voir remettre en cause la solidarité avec les pays membres, comme il l'a fait plusieurs fois dans le passé, quitter le sommet prématurément, comme lors du G7 au Canada mi-juin, ou encore étriller un de ses homologues en public, comme ce fut le cas il y a huit jours avec le président français.
Rien de tout cela finalement.
Les pays membres de l'Alliance atlantique se sont engagés à investir 5% de leur Produit Intérieur Brut annuel en faveur de leur sécurité à l'horizon 2035, permettant à Donald Trump, qui réclamait de longue date un effort accru des Européens, de revendiquer un "succès monumental".
Cela ne signifie pas pour autant la fin des tensions qui règnent entre les alliés depuis le retour du milliardaire républicain à la Maison Blanche en janvier.
"Cet effort collectif" des Européens, il suppose "de l'unité, du respect", et "il impose de manière évidente la paix commerciale", a plaidé Emmanuel Macron à l'issue du sommet, appelant Washington à "abaisser toutes les barrières tarifaires qui existent ou qui ont été renforcées".
Cela "devrait être la règle au sein de l'ensemble des alliés", a-t-il ajouté. "On ne peut pas, entre alliés, dire il faut dépenser plus" pour la défense "et au sein de l'Otan se faire la guerre commerciale, c'est une aberration", a encore insisté le président français devant la presse à La Haye.
- L'Espagne menacée -
Le président américain a imposé des droits de douane de 10% minimum sur la plupart des produits importés aux Etats-Unis. Après avoir menacé de monter ces taxes à 50% sur les importations européennes à partir du 1er juin, il avait accepté fin mai d'attendre jusqu'au 9 juillet, donnant plus de temps à l'Union européenne de tenter d'arracher un accord plus favorable.
"Il faut maintenant qu'on arrive à conclure" ces négociations, a martelé Emmanuel Macron.

Réunion plénière au sommet de l'Otan, le 25 juin 2025 à La Haye, aux Pays-Bas ( AFP / JOHN THYS )
Celui qui affiche volontiers une certaine complicité avec Donald Trump, fort d'une relation nouée lors du premier mandat à la Maison Blanche, et qui assure lui parler plusieurs fois par semaine, a fait du dossier commercial un cas à part, n'hésitant pas à monter plusieurs fois au créneau avec fermeté.
Début avril, il avait qualifié de "brutale et infondée" la décision initiale de rehausser brusquement les droits de douane.
Mercredi, il a assuré avoir évoqué le sujet "à plusieurs reprises" avec son homologue et encore "publiquement devant les autres" pendant ce sommet. Le chef de l'Etat français a précisé que son homologue turc Recep Tayyip Erdogan et la Première ministre italienne Giorgia Meloni avaient "fait de même".
Mais prié de dire si le président américain était prêt à accéder à cette demande, il a botté en touche : "posez-lui la question", a-t-il lancé.

Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez lors d'une conférence de presse au sommet de l'Otan, le 25 juin 2025 à La Haye, aux Pays-Bas ( AFP / JOHN THYS )
Pas sûr que Donald Trump l'entende de cette oreille: à La Haye, il a lui-même brandi l'arme commerciale pour menacer, justement, un des pays de l'Otan, l'Espagne, dont le Premier ministre Pedro Sanchez a exprimé ses réticences à augmenter les dépenses militaires au niveau exigé.
"C'est le seul pays qui refuse" d'atteindre les 5% du PIB, a protesté le 47e président des Etats-Unis. "Je trouve ça terrible", a-t-il dit, ajoutant que l'économie de l'Espagne "pourrait être complètement détruite".
"Vous savez, on va négocier un accord commercial avec l'Espagne. On va leur faire payer le double", a-t-il glissé.
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