
Le Capitole de Washington, siège du Congrès américain, le 30 juin 2025 ( AFP / Jim WATSON )
Donald Trump a glané mardi une importante victoire législative avec l'adoption de justesse au Sénat américain de son projet de loi budgétaire de plusieurs milliers de milliards de dollars, qui comprend des crédits d'impôt massifs, mais aussi de vastes coupes dans la santé.
Au terme de plus de 26 heures de votes sur des dizaines d'amendements, les sénateurs républicains ont finalement réussi à surmonter leurs différends pour adopter cette "grande et belle loi", comme l'a baptisée le président américain.
Mais l'affaire s'est jouée dans un mouchoir de poche. Malgré une majorité républicaine de 53 sièges sur 100, le vote s'est terminé à 50 voix contre 50 et c'est le vice-président JD Vance qui a alors eu le dernier mot, comme le veut la Constitution.
"Avec cette loi, nous accomplissons le mandat qui nous a été confié en novembre", lors des élections présidentielle et législatives, a déclaré John Thune, le chef des sénateurs républicains, après un marathon législatif de deux jours.
La Chambre des représentants est désormais lancée dans un sprint pour adopter la version révisée avant vendredi.
Depuis près d'une semaine, Donald Trump pousse en effet les parlementaires à passer ce texte phare de son deuxième mandat avant le 4 juillet, jour de la fête nationale, qu'il a fixé comme échéance symbolique pour la promulguer.
- Réticences -
Le président républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, a assuré dans un communiqué que ses élus allaient "immédiatement examiner le texte", qui arriverait "sur le bureau du président Trump à temps" pour le 4 juillet.
Un vote est prévu dès mercredi.
Mais des élus conservateurs de la Chambre ont publiquement affiché leurs réticences à certains changements apportés par le Sénat à leur version initiale. Or, les républicains ne disposent que d'une fine majorité et le processus pourrait bien être retardé.
Donald Trump, 79 ans, a fait du projet de loi la pierre angulaire de son programme économique. En jeu: la prolongation de colossaux crédits d'impôt adoptés lors de son premier mandat, mais aussi l'élimination de l'imposition sur les pourboires ou encore des milliards de dollars supplémentaires pour la défense et la lutte contre l'immigration.

Le chef de la majorité républicaine au Sénat américain, John Thune, parle à la presse en quittant l'hémicycle du Sénat au Capitole de Washington, le 30 juin 2025 ( AFP / Jim WATSON )
Mais experts comme politiques pointent du doigt l'explosion attendue du déficit public.
Le Bureau budgétaire du Congrès, chargé d'évaluer de manière non partisane l'impact des projets de loi sur les finances publiques, estime que le texte augmenterait la dette de plus de 3.000 milliards de dollars d'ici 2034.
L'extension des "crédits d'impôt Trump" coûterait à elle seule 4.500 milliards. Pour la compenser en partie, les républicains prévoient notamment de sabrer dans Medicaid, programme public d'assurance santé dont dépendent des millions d'Américains aux revenus modestes.
Une réduction drastique du programme Snap, principale aide alimentaire du pays, est également prévue, de même que la suppression de nombreuses incitations fiscales aux énergies renouvelables adoptées sous Joe Biden.
- "Trahis" -
Des mesures farouchement dénoncées par les démocrates.
"D'un seul coup, les républicains ont approuvé le plus grand crédit d'impôt pour les milliardaires jamais vu - financé en arrachant des soins de santé à des millions de gens et en retirant la nourriture de la bouche d'enfants affamés", a condamné Chuck Schumer, le chef des sénateurs démocrates.
Le texte a aussi fait face au vote contre de trois sénateurs républicains, qui s'inquiétaient de l'explosion du déficit ou des conséquences des coupes dans la santé.
Le multimilliardaire Elon Musk, ancien proche allié de Donald Trump avant leur spectaculaire brouille, a exprimé aussi sa franche opposition, en raison de l'impact attendu du texte sur la dette publique.

A gauche, le président américain Donald Trump donne un discours à Warren (Michigan), le 29 avril 2025. A droite, Elon Musk participe à une conférence sur l'antisémitisme en ligne, à Cracovie, en Pologne, le 22 janvier 2024 ( AFP / Jim WATSON )
"Nous vivons dans un pays au parti unique: le parti des cochons qui se goinfrent", a cinglé le patron de SpaceX et Tesla, répétant vouloir lancer un nouveau parti.
Donald Trump lui a répondu de manière sèche mardi, avec une menace à peine voilée.
"Il est très fâché, mais vous savez, il pourrait perdre bien plus que ça", a déclaré le président, suggérant un passage en revue des nombreux contrats des entreprises d'Elon Musk avec l'Etat fédéral.
10 commentaires
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer