
Marine Le Pen
Le groupe Identité et démocratie (ID), dont faisait partie le Rassemblement national (RN) lors de la précédente mandature au Parlement européen, est accusé de dépenses irrégulières pour un montant d'au moins 4,33 millions d'euros, rapporte jeudi Le Monde.
Le quotidien français cite à ce sujet un rapport de la direction générale des finances du Parlement européen, obtenu en collaboration avec le magazine allemand Die Zeit et l’hebdomadaire autrichien Falter.
L'affaire porte sur les crédits que le Parlement alloue chaque année aux groupes politiques et dont l'utilisation est strictement encadrée.
Selon la direction générale des finances du Parlement de Strasbourg, ID a enfreint les règles "en multipliant les donations à des associations sans rapport avec ses activités de groupe politique ou avec les missions parlementaires, pour un total de plus de 700.000 euros en cinq ans", indique Le Monde.
"Le rapport épingle, par ailleurs, les contrats conclus par le groupe d'extrême droite avec quatre prestataires privés sollicités pour sous-traiter sa communication", ajoute le quotidien, indiquant que plus de 3,6 millions d'euros de factures seraient entachées d'irrégularités.
Contacté par Reuters, le Rassemblement national n'a pas répondu dans l'immédiat mais sa cheffe de file, Marine Le Pen, a évoqué à la radio des "désaccords administratifs" avec le Parlement européen.
En mars, celle qui s'est présentée à trois reprises à l'élection présidentielle en France et huit autres eurodéputés du RN - alors baptisé Front national - ont été reconnus coupables de détournement de fonds publics, pour un total de 4,1 millions d'euros utilisés au profit du parti sur une période courant de 2004 à 2016.
L'affaire portait sur l'utilisation de l’enveloppe allouée par le Parlement européen qui permet à chaque eurodéputé de rémunérer ses collaborateurs.
Marine Le Pen a fait appel de sa condamnation qui comprend une peine d'inéligibilité avec exécution immédiate susceptible de lui interdire de participer à l'élection présidentielle en France en 2027.
"NOISES"
En cas d'empêchement, le président du RN Jordan Bardella devrait la remplacer dans la course à l'Elysée.
Sur RTL jeudi, la patronne des députés RN à l'Assemblée nationale a dit ne pas avoir regardé le dossier évoqué par Le Monde tout en regrettant les "noises" que le Parlement européen cherche selon elle à sa famille politique.
"Il peut y avoir des désaccords administratifs avec le Parlement européen. On va essayer encore une fois de les résoudre", a dit Marine Le Pen.
"J'ai bien conscience quand même que le Parlement européen nous cherche des noises matin, midi et soir et en toutes circonstances", a-t-elle poursuivi.
"Ce que je note c'est que normalement, tous les ans, il y a un contrôle du Parlement européen et que tout d'un coup, là, il n'y a plus de contrôle pendant 5 ans. Et au bout de 5 ans, on vient vous dire : 'Oh mon Dieu, c'est horrible, nous avons des désaccords sur la manière dont les contrats ont été passés ou pas passés'".
"Donc je pars du principe que le Parlement européen, qui est un organe politique, mène à l'égard de son opposition une guerre de tranchées, et ce depuis de nombreuses années."
D'après Le Monde, le rapport de la direction des affaires financières du Parlement est sur le point d'être transmis aux élus de la commission de contrôle budgétaire de l'assemblée européenne. Si les conclusions de l’administration du Parlement sont approuvées par le bureau, l'Office européen de lutte antifraude (OLAF) pourrait être saisi afin qu'une enquête administrative indépendante soit diligentée.
(Rédigé par Blandine Hénault, avec Benjamin Mallet et Elizabeth Pineau, édité par Sophie Louet)
9 commentaires
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer