Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Fermer

La BCE prête à prendre des mesures "énergiques" en cas de fluctuations de l'inflation
information fournie par Reuters 30/06/2025 à 16:42

par Francesco Canepa

La Banque centrale européenne (BCE) a déclaré lundi qu'elle se préparait à cinq nouvelles années de turbulences économiques en raison des implications de long terme des chocs liés aux tensions géopolitiques ou à l'intelligence artificielle (IA), ce qui pourrait nécessiter une action "énergique" pour maintenir l'inflation sous contrôle.

L'institut de Francfort vient de mettre à jour sa stratégie quinquennale après une période en dents de scie au cours de laquelle il a dû faire face à la déflation pendant la pandémie de COVID-19, puis à la crise du coût de la vie exacerbée par l'invasion russe de l'Ukraine et, plus récemment, aux perturbations causées par la guerre commerciale déclenchée par le président américain Donald Trump.

Selon la banque centrale, les turbulences ne sont probablement pas terminées, en raison de "changements structurels" tels que la fragmentation géopolitique et économique, ainsi que la démographie et le changement climatique.

"L'environnement inflationniste restera incertain et potentiellement plus volatil, avec des écarts plus importants par rapport à l'objectif symétrique de 2% d'inflation", a déclaré la BCE.

Elle s'est par ailleurs engagée à réagir avec la même vigueur lorsque l'inflation est trop élevée que lorsqu'elle est trop faible, changeant de message après avoir été surpris par un rebond des prix en 2021 et 2022.

Si la BCE s'en tient à sa promesse, contestée en interne, de déployer des mesures "énergiques", elle a clairement indiqué qu'elle le ferait lorsque l'inflation s'éloignerait de son objectif de 2% dans les deux sens, et pas seulement à la baisse.

"Pour maintenir la symétrie de l'objectif, il est important de prendre des mesures de politique monétaire suffisamment énergiques ou persistantes en réponse à des écarts importants et durables de l'inflation par rapport à l'objectif, dans un sens ou dans l'autre", a-t-elle précisé.

La précédente déclaration stratégique de la BCE, publiée en 2021 alors que l'inflation commençait tout juste à augmenter, était principalement axée sur le risque que la croissance des prix reste bloquée à de faibles niveaux, ce que certains banquiers centraux considèrent aujourd'hui comme une erreur.

Lors de la présentation de la nouvelle stratégie, le chef économiste de la BCE, Philip Lane, a déclaré que cette phrase restait appropriée lorsque l'inflation était trop faible, mais que ses collègues et lui-même avaient appris que c'était "tout aussi vrai au-dessus de l'objectif".

"Ce que nous avons appris, c'est que lorsque l'inflation commence à se développer, elle peut décoller", a dit Philip Lane. "C'est pourquoi il faut être énergique".

La BCE a relevé son taux d'intérêt directeur de -0,5% en 2022 à 4% un peu plus d'un an plus tard afin de freiner la hausse des prix. Le taux est actuellement de 2% et la BCE devrait faire une pause dans son cycle d'assouplissement au moins jusqu'en septembre.

PEU DE CRITIQUES

Certains des 25 membres du Conseil des gouverneurs de la BCE souhaiteraient se livrer à un examen plus approfondi de la politique ultra-accomodante menée par la banque centrale au cours de la dernière décennie.

Pourtant, la nouvelle stratégie ne contient que peu de critiques, comme l'ont indiqué des sources consultées par Reuters au début de l'année.

"Le ton était moins introspectif et réaffirmait davantage que la BCE était sur la bonne voie", a déclaré Carsten Brzeski, responsable mondial de la macroéconomie chez ING.

Dans un rare retour en arrière, la BCE a toutefois fait une référence voilée à sa réponse tardive à la crise inflationniste de 2021-22, lorsqu'elle s'est liée les mains en s'engageant à maintenir les taux à des niveaux historiquement bas tant qu'elle achèterait des obligations.

Philip Lane a déclaré que tout futur programme d'achat d'actifs serait "différent" à la lumière de ce faux pas et que la BCE se pencherait également sur l'analyse de scénarios avant de lancer de nouveaux programmes.

Un nombre croissant de décideurs du camp 'hawkish' de la BCE - en faveur d'une politique monétaire plus stricte - ont signalé ces dernières semaines que la barre pour de nouveaux achats d'obligations, ou assouplissement quantitatif (QE), serait plus élevée à l'avenir.

Dans une interview accordée à Reuters plut tôt ce mois-ci, le vice-président de la BCE, Luis de Guindos, a déclaré que la banque centrale en savait désormais davantage sur les effets secondaires de l'assouplissement quantitatif.

Le programme a été accusé d'avoir provoqué une bulle sur les marchés financiers et immobiliers et d'avoir entraîné des pertes massives à la BCE et dans les banques centrales qui en sont actionnaires une fois les taux d'intérêt relevés.

(Rédigé par Francesco Canepa ; version française Diana Mandia, édité par Blandine Hénault)

0 commentaire

Signaler le commentaire

Fermer

A lire aussi