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En Californie, la peur des contrôles au faciès s'empare de la communauté latino
information fournie par AFP 03/07/2025 à 09:25

Des agents fédéraux arrêtent un homme à Bell, une banlieue de Los Angeles où la population est majoritairement latino-américaine, le 20 juin 2025 ( AFP / ETIENNE LAURENT )

Des agents fédéraux arrêtent un homme à Bell, une banlieue de Los Angeles où la population est majoritairement latino-américaine, le 20 juin 2025 ( AFP / ETIENNE LAURENT )

Depuis que la police de l'immigration a débarqué dans sa station de lavage auto près de Los Angeles le mois dernier, José jette constamment des coups d'œil inquiets à l'écran retransmettant en direct les images de ses onze caméras de vidéosurveillance.

La descente des agents fédéraux a indigné ce jeune homme de 25 ans, qui souhaite rester anonyme de peur que son commerce soit de nouveau ciblé.

"On aurait dit un contrôle au faciès", confie-t-il à l'AFP, en montrant les images de cette opération à Downey, une banlieue du sud-est de la mégapole californienne.

On y voit les policiers courser deux employés du lavage auto à la peau très foncée, avant de les arrêter. Pendant ce temps, un employé au teint plus clair monte tranquillement dans sa voiture et quitte les lieux, sans être inquiété.

Les deux hommes arrêtés n'avaient pas de casier judiciaire et l'un d'eux travaillait ici depuis près de vingt ans, selon José, qui admet embaucher de nombreux migrants d'Amérique latine.

"Nos dix employés ce jour-là étaient sans-papiers, ils auraient pu arrêter n'importe lequel d'entre eux", souffle cet Américain d'origine mexicaine. Pour lui, "ce n'est pas une coïncidence s'ils s'en sont pris aux deux qui étaient les plus bronzés."

Un mois après le début des manifestations contestant l'intensification des opérations anti-migrants ordonnées par le président républicain Donald Trump à Los Angeles, la ville a retrouvé un certain calme, mais les descentes se poursuivent dans la région.

Des passants protestent et filment les agents fédéraux impliqués dans l'arrestation d'un homme à Bell, une banlieue de Los Angeles où la population est majoritairement latino-américaine, le 20 juin 2025 ( AFP / ETIENNE LAURENT )

Des passants protestent et filment les agents fédéraux impliqués dans l'arrestation d'un homme à Bell, une banlieue de Los Angeles où la population est majoritairement latino-américaine, le 20 juin 2025 ( AFP / ETIENNE LAURENT )

Elles ciblent souvent des commerces dans des banlieues à l'est du comté, où la population est majoritairement latino-américaine. De quoi provoquer la colère de certains habitants, persuadés d'être victimes de contrôles au faciès.

A Montebello, à quelques kilomètres au nord de Downey, un raid chez un carrossier a suscité la polémique. Les vidéos tournées par des témoins montrent un employé plaqué contre une grille, criant "Je suis Américain, frère !", avant d'être relâché.

- "Profilage racial" -

Une foule entoure des agents fédéraux pendant l'arrestation d'un homme à Bell, une banlieue de Los Angeles où la population est majoritairement latino-américaine, le 20 juin 2025 ( AFP / ETIENNE LAURENT )

Une foule entoure des agents fédéraux pendant l'arrestation d'un homme à Bell, une banlieue de Los Angeles où la population est majoritairement latino-américaine, le 20 juin 2025 ( AFP / ETIENNE LAURENT )

"Je pense qu'ils font du profilage racial, ce qui est inconstitutionnel", enrage auprès de l'AFP Mario Trujillo, conseiller municipal démocrate de Downey, qui a recensé une quinzaine de descentes en juin dans sa ville. "C'est comme s'ils passaient leur temps à rouler dans les rues à la recherche de gens qui ont le look de Mexicains."

L'administration Trump rejette catégoriquement ces accusations.

"Toute affirmation selon laquelle des individus auraient été +ciblés+ par les forces de l'ordre en raison de leur couleur de peau est révoltante et catégoriquement FAUSSE", assène Tricia McLaughlin, une porte-parole du ministère de l'Intérieur.

"Nous savons à l'avance qui nous ciblons", ajoute-t-elle, en précisant que la police de l'immigration travaille "pour expulser les pires criminels étrangers en situation irrégulière des rues américaines".

Une promesse qui semble fragilisée par l'examen des premiers chiffres concernant la vague d'arrestations du mois dernier.

Selon le Los Angeles Times, qui a analysé des tableaux internes de la police de l'immigration (ICE), obtenus grâce à une loi obligeant les agences fédérales à publier sur demande certains documents d'intérêt public, 722 immigrés ont été arrêtés dans Los Angeles et sa région du 1er au 10 juin.

Parmi eux, 69% n'avaient jamais été condamnés par la justice et 58% n'avaient jamais fait l'objet de poursuites.

"Cette administration nous a menti, ils ne ciblent pas les criminels", peste M. Trujillo. "Ils s'en prennent aux gens qui marchent dans la rue, aux travailleurs qui ont l'air d'être sans-papiers, latino-américains. C'est pour ça que les gens sont en colère."

Dans ce climat vicié, six sénateurs républicains locaux ont adressé une lettre à Donald Trump la semaine dernière. Ils y font part de leurs préoccupations face à des opérations "visant les criminels violents, qui ont également conduit à l'arrestation de migrants sans casier judiciaire".

Une mariachi brandit une affiche réclamant le départ de la police de l'immigration de Los Angeles, devant un soldat montant la garde devant un bâtiment fédéral de la mégapole californienne, le 20 juin 2025 ( GETTY IMAGES NORTH AMERICA / MARIO TAMA )

Une mariachi brandit une affiche réclamant le départ de la police de l'immigration de Los Angeles, devant un soldat montant la garde devant un bâtiment fédéral de la mégapole californienne, le 20 juin 2025 ( GETTY IMAGES NORTH AMERICA / MARIO TAMA )

Outre les sans-papiers, ces raids sur les lieux de travail "ont également semé la peur parmi les autres employés, y compris ceux qui ont un statut d'immigrant légal", regrettent-ils.

A Downey, plusieurs Latino-Américains rencontrés par l'AFP portent désormais systématiquement leurs documents sur eux, par peur d'être arrêtés à cause de leur apparence. Comme cette Mexicaine de 23 ans, employée d'un autre lavage auto et titulaire d'un permis de séjour.

"Nous ne sommes pas en sécurité, même les résidents permanents", craint-elle.

7 commentaires

  • 11:01

    Cela me rappelle qu'en France , à une certaine époque, des citoyens français en règle avec la loi, ont été déportés et gazés.La politique de Trump concerne au départ des immigrés illégaux et criminels, puis dans la pratique des immigrés illégaux puis ensuite des immigrés et bientôt des citoyens américains n'ayant pas de parents américains..ça glisse peu à peu


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