
Un travailleur du bâtiment se rafraîchit à une fontaine, à Mérignac, le 14 juin 2022 ( AFP / Philippe LOPEZ )
Paris et sa banlieue vont voir rouge, comme une partie de la France qui va suffoquer mardi, journée qui devrait marquer le pic d'une canicule précoce et exceptionnelle par sa durée.
En début de matinée déjà le soleil s'annonce brûlant.
"Il y a la clim mais pas très fort, ça risque de taper aujourd'hui", commente dans la matinée Raphaël, 27 ans, pantalon noir et t-shirt bleu, croisé à Nanterre (Hauts-de-Seine), en périphérie du quartier de la Défense.
"Mon bureau fait pas grand chose pour la canicule donc mon chef a assoupli le code vestimentaire, d'habitude c'est chemise et veste...", ajoute l'employé d'une entreprise de l'agroalimentaire.
Des restrictions de circulation sont mises en place, un "forfait antipollution" à 4 euros la journée est instauré dans les transports publics franciliens et même la tour Eiffel est à la peine: le sommet des 330 mètres de fer puddlé restera fermé au public jusqu'à mercredi inclus.
Seize départements sont en vigilance rouge à partir de mardi midi. Parmi eux tous les départements d'Île-de-France, mais aussi ceux de la région Centre (sauf l'Eure-et-Loir) ainsi que l'Aube, l'Yonne et la Vienne. Au niveau national, 68 départements restent en vigilance orange.
Météo-France a étendu la vigilance rouge à mercredi dans ces 16 départements mais prévoit néanmoins une baisse progressive des températures dans la journée.
"C'est une journée particulièrement chaude et la vigilance rouge a un sens, c'est que cela concerne tout le monde (...) et que tout le monde, pas seulement les personnes vulnérables, doit faire attention", a rappelé la ministre du Travail et de la Santé Catherine Vautrin sur TF1.
Le Premier ministre François Bayrou doit se rendre vers 11H00 au Centre opérationnel de gestion interministérielle des crises (Cogic) pour faire un point sur la situation.
- Chaleur "éprouvante" -
Météo-France prévoit un pic caniculaire "très fort" dans le bassin parisien avec une chaleur "particulièrement éprouvante".

Un thermomètre de pharmacie affiche 40°C, à Lille, le 27 juillet 2018 ( AFP / DENIS CHARLET )
Mardi devrait être la journée la plus chaude de cet épisode avec des maximales atteignant 36°C, voire 41°C dans les départements en vigilance rouge.
Devant cet épisode "exceptionnel en termes d'intensité, de durée et de zone géographique", selon les termes de Mme Vautrin, les collectivités s'adaptent.
La ville de Melun (Seine-et-Marne) a fermé tous les établissements publics accueillant des enfants. Au niveau national, quelque 1.350 écoles publiques, sur 45.000, font l'objet d'une fermeture partielle ou totale mardi.
L'agglomération du Grand Poitiers a, elle, opté pour la gratuité des piscines dont elle a la gestion.
Plusieurs jours et nuits de chaleur promettent d'éprouver les organismes.
A Bordeaux, "Jo", un SDF de 55 ans rue Sainte-Catherine, dit "souffrir énormément". Le bitume dans cette ville très minérale est plus chaud encore.
"Quand il fait froid, je rajoute des couvertures, des bonnets. Mais quand il fait chaud comme ça, qu'est-ce que je peux faire ? Rien, attendre que ça passe et espérer ne pas faire de malaise", dit-il, remerciant une passante qui lui tend un granité.
- "Lutte quotidienne" -
Les services d'urgence sont sur le pont.

Une femme boit un verre d'eau, dans une résidence sénior de Bordeaux, le 16 juin 2022 lors d'une vague de chaleur ( AFP / Thibaud MORITZ )
"C'est une lutte quotidienne, un jeu de dominos et d'anticipation des problèmes", résume Pierre-Marie Tardieux, chef des urgences au CHU de Nice. Il dit recevoir "environ 30% de personnes âgées, mais aussi des travailleurs du bâtiment, des sportifs, des gens jeunes qui ont eu des coups de chaud" ainsi que "beaucoup de personnes qui vivent dans la rue".
Sur les passages aux urgences, "pour l'instant, nous n'avons pas de remontées significatives, mais nous savons qu'il existe un décalage de quelques jours, ce que les professionnels appellent décompenser", a rappelé la ministre de la Santé.
Cette 50e vague de chaleur nationale recensée depuis 1947, la 33e du XXIe siècle, s'inscrit dans un contexte de changement climatique qui en augmente l'intensité et la fréquence.
Dimanche, deux mesures ont témoigné du caractère inédit du phénomène: la Méditerranée a enregistré sa température de surface la plus chaude pour un mois de juin, selon le programme européen Copernicus. Et le mont Blanc, à 4.806 m d'altitude, "a dû enregistrer une température positive, à 1 ou 2°C, ce qui n'arrive qu'au cœur de l'été", selon Antoine Courteaud, prévisionniste et nivologue de Météo-France à Chamonix.
Cette vague de chaleur concerne tout le sud de l'Europe.

Des personnes se rafraîchissent à une fontaine à Paris, le 30 juin 2025 ( AFP / Ludovic MARIN )
La cause de ce nouveau pic est un dôme de chaleur: un large et puissant anticyclone forme une sorte de couvercle qui bloque l'air en basses couches, empêchant l'entrée de perturbations tout en le réchauffant progressivement.
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