
Conférence de presse du Premier ministre français, Bayrou, sur les négociations sur les retraites à Matignon, à Paris
Le Premier ministre, François Bayrou, espère échapper ce mardi à l'Assemblée au couperet de la huitième motion de censure depuis son arrivée à Matignon en décembre, un texte déposé par les socialistes après la fin du "conclave" sur la réforme des retraites.
Les groupes de gauche - France insoumise, communistes et écologistes - devraient voter ce texte, ce qui ne sera pas suffisant pour faire tomber le gouvernement en l'absence de soutien du Rassemblement national, premier groupe d'opposition au Palais-Bourbon.
"Nous souhaitons que François Bayrou ne soit plus Premier ministre et qu'il y ait un véritable changement, que nous trouvions un interlocuteur à Matignon", a déclaré dimanche sur LCI le premier secrétaire du PS, Olivier Faure.
La motion de censure dénonce l'"échec du dialogue social (...) dû à l'intransigeance des organisations patronales" et un échec de la "méthode" Bayrou "dont les différentes déclarations sont venues successivement contraindre les travaux du conclave et contredire sa propre parole", en excluant notamment en mars tout retour à l'âge légal de départ à la retraite à 62 ans.
François Bayrou a tenté de vider le texte de sa substance en annonçant que les "avancées", notamment en faveur des mères qui travaillent, obtenues lors des quatre mois de négociations entre partenaires sociaux pour aménager la réforme des retraites de 2023 fasse l'objet d'un texte examiné à l'automne dans le cadre du Projet de loi de financement de la sécurité sociale.
Il a appelé de ses voeux une reprise des discussions sur la pénibilité et le financement mais la CFDT, premier syndicat du pays, a refusé de revenir à la table des négociations.
Un revers pour le Premier ministre centriste de 74 ans dont la cote de popularité stagne autour de 20% dans les sondages et qui a du mal à préserver l'unité du "bloc central" incluant des membres du parti Les Républicains critiques à son égard.
François Bayrou travaille à la préparation du budget 2026 incluant 40 milliards d'économies, dont il présentera les grandes lignes juste après le 14-Juillet.
NOUVELLE DISSOLUTION
La semaine prochaine marquera le premier anniversaire du second tour des élections législatives anticipées, le 7 juillet 2024, ouvrant la voie à une nouvelle dissolution si le président Emmanuel Macron en décidait ainsi.
Le chef de l'Etat, très critiqué pour avoir provoqué l'avènement d'une assemblée plus divisée que jamais sous la Ve République, a fait savoir qu'il n'avait pas l'intention de renouveler l'expérience.
"L'hypothèse d'avoir une assemblée moins ingouvernable que maintenant est proche de zéro", a dit à Reuters la ministre de l'Education Elisabeth Borne.
L'ex-Première ministre juge que voter la motion, examinée en fin d'après-midi ce mardi, "n'est dans l'intérêt de personne" et ne ferait qu'"envoyer un mauvais signal de la France aux agences de notation et au Fonds monétaire international".
Le Rassemblement national répète que la question des retraites n'est pas un motif de censure, à la différence de celle du budget à l'automne, tout en laissant planer la menace.
S'exprimant sur CNEWS, le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a quant à lui demandé à Emmanuel Macron une nouvelle dissolution.
"Je vois pas comment quelque chose de sain peut émerger d'ici à 2027. Vous voyez bien là qu'en l'état actuel des choses, le pays n'avance pas, la France continue de décliner et les urgences quotidiennes des Français : sécurité, immigration, pouvoir d'achat continuent de se dégrader", a-t-il dit.
Toujours haut dans les enquêtes d'opinion à dix mois des élections municipales et deux ans de l'élection présidentielle, le parti d'extrême droite dit se préparer à gouverner et revendique plus de 100.000 adhérents ainsi que la pré-sélection d'une grande partie de ses candidats aux législatives, si une dissolution avait lieu demain.
La triple candidate à l'Elysée et présidente du groupe RN à l'Assemblée, Marine Le Pen, a fait appel de sa condamnation à une peine d'inéligibilité avec exécution provisoire dans le cadre de l'affaire des assistants parlementaires du Front national.
Si l'élue du Pas-de-Calais était empêchée, Jordan Bardella, 29 ans, pourrait la remplacer dans la course à l'Elysée.
"J'ai intégré l'hypothèse que je ne puisse pas me présenter", déclarait Marine Le Pen la semaine dernière dans Valeurs actuelles. "Je lui ai demandé de se préparer."
Des élections législatives anticipées mettraient un coup d'arrêt à sa longue carrière politique puisqu'elle ne pourrait pas se présenter à la députation.
(Reportage Elizabeth Pineau, édité par Blandine Hénault)
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