Grève de contrôleurs aériens: nouvelle journée de galère pour les vacanciers, 1.125 vols annulés
information fournie par AFP 04/07/2025 à 20:02

Des passagers à l'aéroport d'Orly, à Paris, le 3 juillet 2025 ( AFP / Thibaud MORITZ )

Une deuxième journée de grève des contrôleurs aériens a bousculé l'organisation du tout début des vacances pour de nombreux voyageurs, 1.125 vols ayant été annulés vendredi en France, en particulier dans les aéroports parisiens et à Nice.

"Il faut se rendre compte qu'hier et aujourd'hui, 272 personnes dans notre pays vont impacter le bien-être de plus de 500.000 personnes. C'est inacceptable", a déclaré vendredi sur CNews le ministre des Transports Philippe Tabarot.

Des centaines de milliers de personnes ont déjà été affectées jeudi en France et en Europe par ce mouvement social, déclenché par deux syndicats minoritaires qui réclament une amélioration de leurs conditions de travail et des effectifs plus importants.

Les préavis de grève couraient jusqu’à vendredi soir et aucune perturbation n'est donc prévue samedi.

Parmi les voyageurs: Hugo Alvarez, qui devait rentrer à Paris vendredi d'une mission humanitaire en Afghanistan. Il devrait finalement arriver samedi dans la matinée.

"C’est pénible, je suis bien épuisé après trois semaines de mission en Afghanistan, ma femme et ma fille m’attendaient de pied ferme aujourd’hui", raconte-t-il à l'AFP. "Après il n’y a pas mort d’hommes, je soutiens les grèves de manière générale."

A l'aéroport d'Orly vendredi matin, d'autres voyageurs étaient désemparés.

Sabrina Taristas, 42 ans, cherchait à partir à Toulouse. "Si je reste jusqu'à dimanche pour un départ, est-ce qu'il y aura un hôtel de prévu ? Ou est-ce que tout sera à ma charge ? (...) On ne peut pas aller à l'encontre de la grève, mais après c'est vrai que c'est pénalisant pour nous les voyageurs", a-t-elle déclaré à l'AFP.

Au total, 1.125 vols ont été annulés vendredi, au départ de la France ou à l'arrivée, selon la direction générale de l'Aviation civile (DGAC), après 933 jeudi.

Lara, 30 ans, devait prendre un vol Paris-Berlin avec son conjoint. "Le vol était prévu jeudi soir, mais nous avons été informés mercredi qu'il avait été annulé. Nous avions pu prendre un autre billet gratuitement, pour vendredi soir, mais il a été supprimé à son tour", a-t-elle expliqué.

"Il a fallu prendre en urgence des billets de train. Résultat, un surcoût de 100 euros et plusieurs heures de trajet en plus", témoigne-t-elle.

Des avions sur le tarmac de l'aéroport Roissy Charles-de-Gaulle près de Paris, pendant la grève des contrôleurs aériens français, le 3 juillet 2025 ( AFP / Thibaud MORITZ )

De nombreux voyageurs ont annulé des nuitées dans des hôtels, "particulièrement dans les villes avec de gros aéroports comme Nice ou Paris", selon l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih).

"C'est un peu la panique entre ceux qui arrivent et ceux qui partent, les compagnies aériennes cherchent à reloger leurs clients, c’est compliqué à gérer et ça va leur coûter cher", a déclaré à l'AFP Véronique Siegel, responsable de la branche hôtellerie de l'Umih.

A Nice, deuxième aéroport d'affaires en Europe, la moitié des vols commerciaux ont été annulés (près de 220 vendredi) ainsi que la quasi-totalité des vols de jets privés.

- "Stratégie de blocage" -

Des passagers consultent le tableau d'affichage des départs à l'aéroport Roissy Charles-de-Gaulle, près de Paris, pendant la grève des contrôleurs aériens français, le 3 juillet 2025 ( AFP / Thibaud MORITZ )

Les effets du mouvement se font sentir au-delà des frontières nationales, la principale association européenne de compagnies aériennes, Airlines for Europe (A4E) ayant estimé qu'en Europe, 1.500 vols seraient annulés jeudi et vendredi, "affectant presque 300.000 passagers" sur le Vieux continent.

L'Union des aéroports français a dénoncé dans un communiqué une "stratégie de blocage systématique, qui sacrifie l'intérêt général sur l'autel de revendications difficilement justifiables".

Le deuxième syndicat d'aiguilleurs du ciel, l'Unsa-Icna (17% des voix aux dernières élections professionnelles), a lancé ce mouvement et a été rejoint par la troisième force syndicale de la profession, l'Usac-CGT (16%).

Selon la DGAC, 251 grévistes ont été recensés vendredi sur le millier de personnels de service.

La tour de contrôle de l'aéroport Roissy Charles-de-Gaulle, près de Paris, photographiée pendant la grève des contrôleurs aériens français, le 3 juillet 2025 ( AFP / Thibaud MORITZ )

Une réforme contestée est en cours pour établir un pointage des contrôleurs à la prise de poste, après un "incident grave" à l'aéroport de Bordeaux fin 2022, quand deux avions avaient failli entrer en collision. Une enquête en avait fait peser la responsabilité sur une organisation défaillante du travail des aiguilleurs, en dehors du cadre légal et sans respect du tableau de service.

Parmi les griefs de l'Unsa-Icna: "un sous-effectif entretenu et responsable des retards une bonne partie de l'été", des outils obsolètes et "un management toxique, incompatible avec les impératifs de sérénité et de sécurité exigés".

Le premier syndicat d'aiguilleurs du ciel, le SNCTA (60% des voix), n'a pas appelé à la grève.