France/Retraites-Pas d'accord à l'issue du conclave, Bayrou rencontre syndicats et patronat information fournie par Reuters 24/06/2025 à 16:24
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Les partenaires sociaux défilent à Matignon
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Bayrou espère encore trouver un compromis sur les retraites
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Le PS va déposer une motion de censure
(Actualisé avec motion de censure du PS, détails)
Le Premier ministre François Bayrou a invité les organisations engagées dans les négociations sur une refonte de la réforme des retraites à le rencontrer mardi pour tenter de trouver une "voie de passage", au lendemain de l'échec des négociations engagées depuis quatre mois par les partenaires sociaux.
Sans attendre l'issue des discussions de Matignon, le Parti socialiste (PS) a annoncé son intention de déposer une motion de censure contre le gouvernement, ce qui n'a guère de chance d'aboutir dans la mesure où le Rassemblement national, premier groupe d'opposition, n'a pas l'intention de la voter.
Au lendemain de l'échec de la dernière réunion du conclave, lundi soir, François Bayrou a pris la parole tôt dans la journée pour annoncer une concertation de la dernière chance sous sa houlette.
"J'ai décidé d'inviter les organisations qui ont travaillé ensemble durant ces quatre mois à me rencontrer dès ce matin pour rechercher une voie de passage dans l'intérêt de notre pays. Je me suis entretenu avec la plupart d'entre elles hier soir et je pense que ce principe pourra être accepté par elles", a-t-il déclaré lors d'une allocution à Matignon.
Le Premier ministre a reçu à la mi-journée la secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, Cyril Chabanier (CFTC) et Christelle Thieffine (CFE-CGC), pour un premier entretien.
Le patron du Medef, Patrick Martin, a été reçu en début d'après-midi et Amir Reza-Tofighi, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), était attendu à 20h00 selon le programme fourni par Matignon.
Réunis en "conclave" depuis février, les partenaires sociaux ont tenté de trouver un accord sur le sujet sensible des retraites, notamment en ce qui concerne le financement et l'âge de départ fixé à 64 ans par la réforme de 2023 contestée dans la rue et au Parlement.
La remise en chantier de la réforme était un engagement du discours de politique générale du chef du gouvernement, qui avait promis des discussions "sans tabou", tout en prévenant qu'en l'absence d'accord, la loi votée il y a deux ans s'appliquerait.
Cinq organisations (CFDT, CFE-CGC, CFTC, Medef et CPME) ont négocié jusqu'au bout tandis que quatre autres (Force ouvrière et la CGT, l'U2P et le syndicat des artisans) ont jeté l'éponge en chemin.
"ON NE CENSURE PAS SUR RIEN", DIT LE RN
Lundi soir, la CFDT a annoncé que les parties n'avaient pas réussi à s'entendre.
"Je pense qu'il faut acter le désaccord et le cuisant échec de la discussion avec les organisations patronales qui portent une lourde responsabilité dans cet échec", a déclaré Marylise Léon sur TF1.
"Le patronat n'avait aucun intérêt à conclure un accord", a abondé sur RMC la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet.
Interrogé sur franceinfo, Patrick Martin a précisé que la négociation avait achoppé sur la question des carrières longues.
"L'objectif non dit d'un certain nombre d'organisations syndicales qui est de faire partir le plus possible de personnes avant l'âge légal, c'est une menace sur la situation économique", a-t-il dit.
L'échec des négociations met sous pression François Bayrou, qui espérait que cette relance du dialogue social permette de sortir de l'impasse et évite le dépôt d'une motion de censure par les socialistes.
Lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le président du groupe PS, Boris Vallaud, a annoncé le dépôt d'une telle motion, jugeant que les engagements du Premier ministre n'avaient pas été tenus.
"Le respect de la parole donnée est à la base même de notre régime démocratique", a-t-il dit. "Vous avez pris des engagements pas tenus sur ce sujet comme sur bien d’autres, cela nous contraint, M. Le Premier ministre, à déposer une motion de censure contre votre gouvernement".
La France insoumise, par la voix de sa présidente Mathilde Panot, a fait savoir qu'elle voterait une motion de censure d'où qu'elle vienne, même si son camp prône le dépôt d'un texte commun à tous les groupes de gauche.
Le Rassemblement national, dont le vote est indispensable pour faire tomber le gouvernement, a laissé entendre à plusieurs reprises qu'il ne censurerait pas sur le dossier des retraites, préférant attendre le débat sur le budget 2026.
"On ne censure pas sur rien, or là c'est ce que nous propose la gauche en réalité", a déclaré sur La Chaîne parlementaire le député RN Gaëtan Dussausaye.
(Rédigé par Elizabeth Pineau et Diana Mandia, édité par Benjamin Mallet, Jean-Stéphane Brosse et Augustin Turpin)