A Lyon, qui bat les records d'alertes canicule, la bataille pour calmer le thermomètre
information fournie par AFP 04/07/2025 à 16:07

Un ouvrier sur un chantier par temps de canicule à Lyon le 30 juin 2025 ( AFP / JEFF PACHOUD )

Après deux semaines de fournaise, Lyon est enfin sorti vendredi de l'alerte orange, une vigilance que la métropole connaît plus souvent que le reste de la France, malgré les mesures des élus écologistes pour limiter la surchauffe.

Le Rhône est le département "le plus concerné par le nombre de vigilance canicule", selon Météo-France: en vingt ans, ses habitants ont connu 34 épisodes de vigilance orange et un passage en vigilance rouge, pendant quatre jours en août 2023.

"Les vigilances canicule sont plus nombreuses" qu'ailleurs, et "elles durent en général plus longtemps, comme en ce moment", note Thibault Montagnon, météorologiste à Météo-France.

Depuis le 20 juin, le département était en vigilance orange, à l'exception d'un "répit" en jaune pendant deux jours. Après avoir enduré des pics à 39°C et des nuits étouffantes, ses plus de 1,8 million d'habitants apprécient vendredi le retour d'un léger vent frais.

Après avoir survécu "en mode survie, on profite à nouveau de l'extérieur," se réjouit Sara Saitta, 43 ans, croisée à l'ombre d'un arbre dans le centre-ville.

Le Rhône souffre parce qu'il est coincé à l'intérieur des terres entre le Massif Central, le Bugey et les Alpes, loin de l'Atlantique et de la mer du Nord, et bénéficie moins des masses d'air frais, explique le météorologiste.

Au contraire, il est "bien exposé aux flux du Sud, limitant la baisse des températures nocturnes lorsqu'ils soufflent", ajoute M. Montagnon.

Et le Rhône est moins acclimaté que les départements méditerranéens, dont les villes ont été d'avantage pensées pour faire face aux fortes chaleurs: ses seuils de vigilance canicule sont donc plus bas et plus régulièrement dépassés.

- Ilots de chaleur -

Le département est aussi très urbanisé, avec trois quarts de ses habitants dans l'agglomération lyonnaise. Ses îlots de chaleur urbains (ICU), où les surfaces artificielles stockent la chaleur, peuvent amplifier la température de 3°C selon Météo-France.

Quand il fait 33°C sur les collines arborées de l'ouest lyonnais, le quartier ultra-bétonné de la Part-Dieu, avec ses grandes tours, enregistre 37,5°C, selon une étude scientifique de 2022.

Alors que le changement climatique provoque des canicules plus intenses, longues, précoces et tardives, la situation risque d'empirer: Lyon pourrait compter jusqu'à 11 jours au-dessus de 35°C et 47 nuits au-dessus de 20°C en 2050 avec le scénario d'un réchauffement de 2,7°C élaboré par Météo-France.

A l'instar d'autres grandes villes de gauche comme Paris ou Marseille, les élus écologistes locaux multiplient les mesures pour tenter de calmer le thermomètre.

Un ehpad à Lyon le 1er juillet 2025 en pleine canicule ( AFP / JEFF PACHOUD )

Financements de l'isolation thermique des bâtiments, climatisation collective grâce au développement de grands réseaux froids, et végétalisation des espaces: la métropole a alloué à l'environnement un budget de 472,7 millions d'euros en 2025.

"Je pense qu'on va plus vite que n'importe où, par rapport aux autres agglomérations françaises", assure Bruno Bernard, président de la métropole.

- "Climatiseur naturel" -

Pilier de la stratégie écologiste, la végétation gagne du terrain dans les rues de l'agglomération: depuis 2020, 180.000 arbres et arbustes ont été plantés, remplaçant peu à peu les places de parking, au grand dam de certains usagers.

Les résultats sont là, assure Bruno Bernard: la rue Garibaldi, récemment végétalisée et souvent prise en exemple par les écologistes, a vu sa température baisser de 7 °C en période de canicule. Car Lyon ne se contente pas de planter des arbres dans les allées: les agents multiplient les strates végétales et déperméabilisent les sols en arrachant le bitume au profit de bandes de terres.

"Aujourd'hui, on végétalise beaucoup plus et beaucoup mieux", avance le président de la métropole, prônant une "vision globale" pour faire de la future canopée urbaine un "climatiseur naturel".

Malgré ces efforts et des solutions à court terme — installation de fontaines, parcs ouverts plus tard, baignade dans le Rhône — la dernière canicule a révélé des failles: la climatisation manque dans plusieurs rames de métro, l'ombrière de la place Bellecour peine à rafraîchir l'espace, et les files d’attente devant les piscines municipales s'allongent.

Et d'ici une semaine, le mercure devrait à nouveau s'affoler avec des maximales prévues au dessus de 35°C.